N'oubliez pas de réserver l'exposition "Ludwig van Beethoven, sa vie, son oeuvre" auprès de Association Beethoven France et Francophonie, à découvrir sur le site de l'ABF |
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Les informations qui suivent sont extraites du livre "Le cas Beethoven", et sont publiées sur ce site avec l'aimable autorisation du Docteur Jean-Louis Michaux. Merci beaucoup. |
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Le
cas Beethoven
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Les docteurs de Beethoven, par le Docteur Jean-Louis Michaux |
Durant son existence Beethoven fit appel à de nombreux médecins dans l'espoir de trouver remède à ses problèmes de santé et en particulier à ses ennuis auditifs qui, malgré les traitements, évoluèrent vers une surdité profonde. Le compositeur eut de fréquentes raisons de désaccord, voire de discorde, avec plusieurs d'entre eux au point de provoquer un refus de certains praticiens d'assurer les soins demandés. Il nous a paru instructif de préciser la formation et la personnalité de ceux-ci. |
BERTOLINI Andreas Assistant de docteur Malfatti, il devint l'ami en 1806 et le conseiller médical de Beethoven entre 1808 et 1816, date à laquelle il se brouilla avec le compositeur à la suite d'une divergence d'opinion au sujet d'une relation professionnelle et musicale. Oenophile, il était connu pour son art de vivre. Beethoven appréciait sa personnalité raffinée, ses conseils musicaux, sa qualité de vie. En 1831, atteint de choléra et se croyant condamné, il prit la décision de détruire toute sa correspondance avec Beethoven par peur de contamination, dit-il, mais plus vraisemblablement par crainte de rendre publiques ces documents personnels. |
BRAUNHOFFER Anton Professeur d'histoire naturelle et de technologie médicale à l'université de Vienne, médecin praticien, adepte de la diététique, il soigna Beethoven entre 1820 et le début de 1826. Il eut une influence déterminante sur le mode de vie de Beethoven et prit un grand soin de lui durant une poussée de sa maladie au printemps 1825. Une discorde s'installa entre eux pour une raison peu évidente et Braunhoffer ne répondit pas à la demande de l'entourage du compositeur, gravement malade, de se rendre à son chevet à son retour de Gneixendorf au début décembre 1826. Beethoven lui dédia deux canons : Doktor speert das Tor (WoO 189) en mai 1825 et Ich war hier, Doktor (WoO 190) en juin 1825. |
BREUNING von Gerhard (1813-1892) Dès son jeune âge, il fut très proche de Beethoven à qui il rendait journellement visite à son domicile durant les dernières années de la vie, de 1825 à 1827; il n'était pas présent lors de son décès. Il fut un médecin de pratique privée apprécié de tous à Vienne. Il était le fils de Stephan von Breuning (1774-1827), l'ami rhénan d'enfance de Beethoven, et de Constance Rushowitz. En 1874, il publia un recueil de souvenirs sur Beethoven intitulé «Aus dem Schwarzspanierhause». |
FRANK Johann Peter (1742-1821) Originaire
de Zweibrücken (Sarre), il fit ses études médicales
à Gottingen et à Pavie où il fut nommé professeur
et directeur des études médicales en 1785. Sa
réputation professionnelle et scientifique l'amena
à prendre en charge en 1795 la direction de
l'hôpital général et du service de santé de
l'armée à Vienne. Ses ouvrages médicaux sur
les problèmes de soins de santé et de médecine
préventive ont fait date. Victime d'intrigues
et d'hostilité, il quitta Vienne en 1805 et
accepta une chaire professorale à Vilna en Lituanie ;
aussitôt, il fut appelé à Saint-Pétersbourg
pour devenir le médecin personnel du tsar Alexandre
1er, empereur de Russie. En 1808, il revint
à Vienne. Napoléon le convoqua à Schönbrunn
en 1809 pour lui proposer un poste à Paris,
mais il déclina l'offre. Il fut médecin de Beethoven
de 1800 à 1809. |
MALFATTI von MONTE REGGIO Giovanni (1775-1859) Né à Lucca (Toscane), il fit ses études de médecine à Bologne et à Pavie et suivit à Vienne, en 1795, son maître le professeur Johann Peter Frank. À son arrivée à Vienne, il fut nommé médecin-chef adjoint à l'hôpital général jusque 1804, date à laquelle il se tourna vers la médecine privée. De tout temps, ce fut un médecin très apprécié par son savoir et son humanisme. Il fut médecin personnel de l'Archiduchesse Beatrix von Este et de l'Archiduc Karl de même que de nombreux diplomates étrangers présents au Congrès de Vienne de septembre 1814 à juin 1815. Sa notoriété l'amena à prendre la présidence de la Société médicale de Vienne dont il était l'un des fondateurs. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages de médecine dont le traité intitulé «Entwerf einer Pathogenie» qui devint un ouvrage de référence. Il a été anobli en 1837. Il fit la connaissance de Beethoven en 1797, par l'intermédiaire d'un ami commun le baron Ignaz von Gleichenstein et devint son médecin en 1809 au décès du professeur Johann Schmidt. Il le resta jusqu'à ce qu'une mésentente conduise à une rupture en 1816. Le docteur Malfatti fut appelé en consultation au chevet de Beethoven, gravement malade, au début de 1827. Beethoven lui dédia une petite cantate Un lieto brindisi (WoO 103) composée pour son anniversaire. |
SCHMIDT Johann Adam (1759-1809) Né à Aub (près de Würzburg), il débuta sa carrière médicale en tant que chirurgien des armées. Il fut nommé professeur d'anatomie à la Medizinisch-chirurgische Josephs-Akademie à Vienne en 1789. Cette institution, créée par l'empereur Joseph II en 1786, était dénommée aussi Josephinum. Il était conseiller impérial et royal et un médecin très réputé particulièrement en ophtalmologie. La publication de nombreux articles médicaux contribuèrent à son renom scientifique. Ami de très longue date de Franz Gerhard Wegeler, Beethoven lui accorda sa confiance et apprécia ses conseils et ses soins ; il le soigna de 1801 jusqu'à sa mort en février 1809. Dans son testament de Heiligenstadt, Beethoven convia le Dr Schmidt à décrire sa maladie après sa mort. Mélomane, il était reconnu comme violoniste de talent. Beethoven lui dédia le Trio pour piano, violon et violoncelle en mi bémol majeur opus 38 (arrangement du septuor opus 20). |
SEIBERT Johann (1782-1846) Professeur et chirurgien principal de l'hôpital général de Vienne, il pratiqua des ponctions d'ascite à Beethoven à son domicile durant les derniers mois de sa vie. |
SMETANA von Carl (1774-1827) Chirurgien et ophtalmologue renommé de Vienne, il fut consulté par Beethoven à plusieurs reprises tant pour ses difficultés auditives, en 1819, qu'à la fin de sa vie pour ses troubles visuels. Il avait opéré de hernie, en 1816, Karl, le neveu du compositeur. Beethoven fit appel encore à ses conseils lors de la tentative de suicide de Karl à l'été 1826. Il était conseiller d'État. |
STAUDENHEIMER von Jakob (Ritter) (1764-1830) Né à Mayence, il reçut sa formation médicale à Paris, en chimie sous la direction de Antoine Fourcroy et à Augsburg ; il la poursuivit à Vienne sous l'autorité du célèbre clinicien Maximilian Stoll. Praticien de grand renom, il fut le médecin personnel de l'empereur François 1er. C'est lors d'un séjour de la famille impériale en Bohême en 1812 qu'il fit la connaissance de Beethoven et qu'il lui donna des conseils de santé. Il devint son médecin en 1817. Adepte de l'usage des bains, il lui conseilla des cures à Baden où Beethoven résida à plusieurs reprises. De fréquentes oppositions et divergences entre les deux hommes, en particulier le non-suivi par Beethoven des recommandations d'abstinence de toute boisson alcoolisée, ont émaillé leurs rencontres au point d'entraîner une rupture à la fin 1824. Ce fait pourrait expliquer que Staudenheimer ne répondit pas à l'appel de la famille de prodiguer des soins à Beethoven en décembre 1826. Il fut attaché, en 1821, à la personne du duc de Reichstadt, fils de Napoléon 1er et de l'impératrice Marie-Louise. |
VERING von Gerhard (Ritter) (1755-1823) Né à Ösede (Westphalie), il reçut sa formation médicale en Allemagne, en France et en Angleterre. Chirurgien militaire, il fut, de 1797 à 1809, directeur de l'institut de santé des hôpitaux de Vienne ; il était un conseiller médical écouté de l'empereur Joseph II. Il fut le médecin de Beethoven au début de ses difficultés d'audition à l'été 1801. Sa fille Julie, pianiste de talent, épousa, en 1808, Stephan von Breuning, l'ami fidèle de Beethoven ; elle mourut un an plus tard. |
WAGNER Johann (1800-1832) Pathologiste assistant au Museum de Pathologie de Vienne, il effectua l'autopsie de Beethoven à son domicile de la Schwarzspanierhaus le 27 mars 1827, et en rédigea le protocole en latin. Il fut nommé professeur de pathologie en 1829 mais décéda trois ans plus tard. Lors de cet examen de vérification anatomique, il aurait été accompagné d'un jeune adjoint le docteur Carl von Rokitansky (1804-1878) qui fut nommé professeur à l'université de Vienne en 1834. Ce dernier se rendit célèbre par ses travaux scientifiques originaux qui en firent un pionnier de l'anatomie pathologique moderne. |
WAWRUCH Andreas Ignaz (1773 -1842) Né à Niemczicz (Moravie), le 22 novembre 1773 (les biographes ont fourni des dates de naissance très diverses : de 1771 à 1782), il fit ses études de philosophie et de théologie à Olmütz puis s'orienta vers la médecine à l'université de Prague. Après sa promotion médicale, il acquit sa formation scientifique à Vienne sous la direction d'un clinicien renommé, le professeur Johann von Hildenbrand. En 1811, il fut reçu agrégé en histoire et en littérature médicales à Vienne et enseigna en latin. L'année suivante, il fut nommé professeur ordinaire de pathologie et de pharmacologie à l'université de Prague où il fut reconnu et apprécié comme l'enseignant le plus populaire. Sa large notoriété le fit rappeler à Vienne en 1819 pour prendre la charge de directeur de la clinique médicale et de responsable de l'enseignement de la pathologie et de la thérapeutique des maladies internes à l'université. Sa carrière prit fin à sa mort, le 21 mars 1842. On lui doit plusieurs publications scientifiques sur la pathologie infectieuse et parasitaire. Il était membre de la société impériale de médecine. Musicien enthousiaste autant que violoncelliste réputé, il était un grand admirateur de la musique de Beethoven. Il fut appelé à son chevet le 5 décembre 1826 et lui prodigua des soins attentifs jusqu'au décès du compositeur. Quelque temps plus tard, il publia un rapport circonstancié sur la maladie du maître intitulé «Ärztlicher Rückblick auf Ludwig van Beethovens letzte Lebenspoche» (ce rapport paru dans le Wiener Zeitschriftfür Kunst, Literatur, Theater und Mode du 30 avril1842 et daté du 20 mai 1827). |
WEGELER Franz Gerhard (1765-1848) Né à Bonn, le 22 août 1765, de parents alsaciens, il entreprit des études de médecine à Cologne et les termina à Vienne où il fut promu docteur en médecine en septembre 1789. De retour à Bonn, il se vit confier une charge d'enseignement dans la jeune université et fut promu, successivement, professeur, doyen et recteur. En 1794, sur décision des autorités françaises d'occupation, l'université fut fermée, ce qui amena Wegeler à se réfugier à Vienne pendant deux années (1794 à 1796). Après ce séjour il reçut une charge d'enseignement à l'école centrale d'accouchement à Bonn qu'il quitta, en 1807, pour s'installer en médecine privée à Coblence. Il accepta encore des responsabilités officielles en tant que conseiller médical du gouvernement en 1814 et prit sa retraite en 1842. Il décéda en 1848 à l'âge de 83 ans. C'est fortuitement qu'il fit la connaissance du jeune Ludwig van Beethoven en 1782 ; il resta très proche de lui jusqu'en 1787, date de son premier séjour à Vienne. Ce fut par son intermédiaire que Beethoven entra en relation étroite avec la famille von Breuning dont Wegeler épousa la fille aînée Eleonor (dite Lorchen) en 1802. Durant toute sa vie, Beethoven conserva des contacts épistolaires réguliers avec les Wegeler. En 1838, Wegeler et Ries publièrent une biographie du Maître sous le titre de «Biographische Notizen über Ludwig van Beethoven», suivie d'un complément en 1845 par le seul Wegeler. |
WEISSENBACH Aloys (1766-1821) Né à Telfs (Tyrol), il participa à la guerre contre la France comme chirurgien et fut nommé professeur de chirurgie et médecin-chef de l'hôpital Saint-Jean à Salzbourg. Il rencontra Beethoven à Vienne en 1814, lors d'un séjour scientifique et publia ses souvenirs et ses constatations sur la surdité de Beethoven, sous l'intitulé de «Meine Reize zum Kongres, Vienna 1816». Dramaturge et poète amateur, il était atteint également de surdité. |
Sources : W. Nohl : Beethoven
und sein Arzt Anton Braunhofer, Die Musik, XXX,
1938, p. 823-828 ; |
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Jean-Louis MICHAUX - Dominique PREVOT
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