N'oubliez pas de réserver l'exposition "Ludwig van Beethoven, sa vie, son oeuvre" auprès de Association Beethoven France et Francophonie, à découvrir sur le site de l'ABF |
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"Ludwig van", un film de Mauricio Kagel - 1969 |
Au lendemain de mai 1968, Mauricio Kagel, musicien argentin, se lance dans la réalisation de films. "Ludwig van" est la première de ses réalisations. Ce film en noir et blanc est volontairement décalé, dérangeant, irrespectueux, voire agressif. Ici, pas d'histoire. Le film est constitué d'une série de scènes, sans liens entre elles. Au début nous sommes en présence d'un Beethoven à moitié sourd, représenté de manière subjective, le spectateur étant le compositeur. Nous visitons ainsi des lieux où Beethoven a vécu : son bureau, pièce entièrement recouverte de notes de musique ; sa cave, débarras empli de bouteilles de vin ; son grenier, où s'empilent des partitions de compositeurs du XIX et XXe siècles ; sa salle de bain, dans laquelle la baignoire est remplie de bustes de... Beethoven, que nous enlèverons l'un après l'autre. Le ton est donné : ni reportage documenté, ni film biographique ou anecdotique, Kagel nous provoque, nous prend par surprise, nous agace. Puis, nous assisterons, dans le désordre, à un débat télévisé ridicule sur Beethoven et sa musique ; à une évaluation des capacités physiques, morales et psychiques de la musique de Beethoven sur les interprètes (cette partie est l'une des plus comiques) ; à une interview, dans un champ, d'un descendant de Beethoven... Il y a de multiples autres scènes, où les sujets semblent être l'audition du compositeur, l'analyse de son crâne, les cours musicaux télévisés, les analyses des textes de Beethoven (notamment ses cahiers de conversation), etc. Le film se termine au zoo, par des scènes présentant des animaux dans des attitudes aussi stupides que possible, voire scatologiques. La musique de Beethoven est revue avec talent par Mauricio Kagel. |
Le film est disponible dans un coffret "The Mauricio Kagel Edition" (2 CD + DVD) |
Mon avis sur "Ludwig van" |
Ce film atteint son tout premier but : il dérange et ne laisse pas indifférent. Son manque de construction et l'absence de logique entre les séquences empêchent totalement le spectateur d'anticiper la prochaine séquence. Impossible donc de s'investir personnellement dans cette œuvre. Le cinéaste ridiculise tour à tour l'ensemble des personnes dont il juge qu'elles se prennent trop au sérieux : les musiciens dont l'émotivité est trop jouée, les analystes qui tirent des informations les plus surprenantes de textes les plus anodins, les conservateurs et les collectionneurs de "reliques" de Beethoven, les émissions de télé pseudo intellectuelles, et ainsi de suite. Si ce parti pris est assez jubilatoire au début, on se lasse vite de la démonstration poussive. Par ailleurs, Mauricio Kagel est un musicien de talent et ses adaptations de la musique de Beethoven sont très réussies, voire assez géniales. Mais que dire de l'association de cette musique avec ces images ? Peut-on, par exemple, montrer un éléphant qui défèque en même temps que l'on entend le choeur de la Neuvième (l'une des dernières images et j'avoue m'être endormi à ce moment là) ? Certes, Kagel a osé, son film en est la preuve. Mais pour servir quelle fin ? Cela me dépasse ! |
Les partitions "Ludwig van" |
Merci à Armando... |
Il existe également un recueil de partitions, réalisé par Mauricio Kagel, daté de 1970. Il est composé de photos de détails de la pièce couverte de notes de musique (voir photo plus haut). C'est ainsi que sont nées 45 partitions aux formes curieuses et que Kagel offre à l'imagination des musiciens. L'objectif de Kagel est de faire comprendre aux interprètes que la musique du passé doit être interprétée comme la musique du présent. Alexandre Tharaud relève le défi dans l'enregistrement ci-contre. |
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