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Les ouvertures pour l'opéra Leonore puis Fidelio, de Beethoven |
L'ouverture Léonore n°1, publiée sous le numéro d'opus 138, mais écrite en 1804, fut sans doute celle exécutée à la première représentation de l'opéra. Comme il était courant à l'époque, cette ouverture introduisait l'esprit de l'ouvre qui suivait. Mais déjà Beethoven plaçait, entre l'exposition du thème et la reprise, un court adagio, tenant place de développement, qui reprenait le célèbre thème de Florestan dans son cachot. Ce thème est d'ailleurs commun aux trois ouvertures Léonore. Le compositeur n'était cependant pas satisfait de cette ouverture, les contrastes de l'action étant insuffisamment indiqués. Elle fut jugée par les critiques « trop simple et trop éloignée du thème de l'ouvre ». Il s'agit pourtant d'une musique très riche, le thème principal regorgeant d'originalité et d'énergie. L'ouverture débute par un sombre accord, et d'une longue introduction lente. Mais on y retrouve pas, comme dans les deux suivantes, la descente tragique dans le sombre cachot de Florestan. Un impressionnant crescendo conduit, en accélérant sans cesse, vers le thème principal. Le thème de Florestan vient alors, en guise de développement, suivi de la reprise de l'allégro. A noter également, en début de coda, un crescendo sur le thème principal, qui influencera sans doute Rossini. La seconde ouverture, écrite immédiatement après et publiée, comme l'opéra, sous le numéro d'opus 72, marque la véritable apparition de nouvelles conceptions. Elle correspond exactement au déroulement de l'action., situe dans le développement le point culminant de l'évolution dramatique qui reflète l'état d'âme des deux personnages principaux, et exalte dans la coda, après qu'ait retenti l'appel de la trompette rappelant l'événement, le héros radieux et triomphant représenté par le thème de Florestan. La reprise fait bien entendu défaut, car il ne pouvait être question, pour respecter le thème de l'opéra, de revenir à l'ambiance de l'exposition. Wagner a beaucoup aimé cette ouverture, mais elle fit une impression déroutante sur le public de l'époque. Il faudrait, pour apprécier pleinement cette musique, ignorer la si célèbre ouverture numéro 3. Car le matériau musical est identique, mais le numéro 2 est avant tout une musique dramatique, un opéra sans parole, et peut parfois apparaître, à tort, comme une esquisse de la suivante. Sans la reprise, les parties sont allongées : ainsi l'introduction est marquée par d'impressionnants contrastes, des silences particulièrement longs. Et dans le développement, la forme atteint la complexité des grandes ouvres symphoniques du Maître. Quand Beethoven remanie cette ouvre, devenant l'opus 72 b, il rétablit l'équilibre de la forme. La fidélité à l'action y est sacrifiée au compromis entre la forme et le programme. Et cette magnifique ouvre devient une variante mélodique et poétique de la précédente. On trouve maintenant, après la sonnerie de trompette, une reprise de l'allégro, débordant comme un élan irrépressible vers le bonheur atteint au terme d'une vertigineux presto. Sans doute une des plus belles ouvres du compositeur. Il faut encore parler l'exposition du thème principal, là où la mélodie est jouée piano, toute simple aux violons et violoncelles, mais avec une force extraordinaire - « forte comme le piano de Léonore 3 », comme aimait le rappeler un grand chef d'orchestre. Mendelssohn introduisit cette ouverture entre les deux tableaux du second acte de l'opéra. Cette habitude a été conservée jusqu'à nos jours. Bien plus tard en 1814, à l'occasion du remaniement complet de l'opéra, Beethoven réécrivait l'ouverture de « Fidelio ». Napoléon abattu, Paris occupé par les alliés de l'Empereur, Fidelio apparaissait comme le symbole de la lutte victorieuse contre la tyrannie : l'euphorie patriotique de Vienne explose dans cette ouverture définitive qui ne comprend aucun thème de l'opéra, mais dispose le public à l'issue heureuse du drame. Les appels des vents, largement renforcés dans cette ouvre, convoquent la foule à une fête de la liberté. L'apothéose annonce le finale de la 9ième symphonie.
Sources
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© Jean-François Lucarelli
Publié avec l'accord de l'auteur. |
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