Le Concerto pour violon exprime le côté lyrique
de la personnalité musicale de Beethoven. Pendant
quarante-cinq minutes, la composition est gouvernée
par une harmonie supérieure et par des
proportions équilibrées qui font
de cette ouvre l'un des sommets de la musique
absolue ; il n'y a pas signe de lutte intérieure,
de tragédie, de souffrance ou de passions
bouleversantes. "La mélodie se répand
avec une sérénité divine...
envahie de la pure harmonie de ré majeur"
(Riezler), avec des trouvailles inattendues
à la manière de Beethoven qui, pourtant, n'arrivent
pas à troubler cette suavité ininterrompue.
L'idée de commencer la composition avec quatre
coups de timbale est très originale. L'entrée
des violons, à la dixième mesure, avec une note
imprévue (ré #), est résolument
inhabituelle (sur do# au lieu de mi) ;
le motif de la transition, en fortissimo sur
l'harmonie de si bémol, laisse aussi imaginer
le coté imprévisible de Beethoven.
Il est très difficile pour nous, aujourd'hui,
de comprendre pourquoi ce Concerto fut apprécié
si tard. Les notices relatives à la première
exécution nous rapportent un discret
succès (surtout parce que le soliste était aussi
le directeur artistique du théâtre et très estimé
comme interprète), mais il reçut un accueil
froid de la part de la critique. Certainement
l'exécution n'avait pas bien été préparée
et ça a influencé les auditeurs. En tous
les cas, du vivant de Beethoven, le concerto
pour violon ne fut plus joué.
Muzio Clementi, pianiste et éditeur,
avait commandé à Beethoven une transcription
du concerto pour le piano. Cette version, avec
quelques modifications, fut jouée par Beethoven
lui-même, mais elle trouva de nouveau un mauvais
accueil et elle fut jetée aux oubliettes. Cette
transcription a été réalisée avec
habilité et avec une parfaite connaissance de
l'instrument. Mais, à vrai dire, elle dénature
l'idée originale qui est née pour le
violon. Aujourd'hui cette transcription n'est
jouée que très rarement et plutôt comme une
curiosité. Malgré cela, Beethoven aimait cette
ouvre et il dédia la version originale à son
cher ami Stephan von Breuning et la version
pour piano à la femme de "Steffen", Julie von
Vering.
Le Concerto fut redécouvert et joué
en 1844 par Joseph Joachim, le violoniste très
lié à Brahms (dédicataire de son Concerto pour
violon), qui le joua plusieurs fois sous la
direction de Mendelssohn ou de Schumann.
La considération envers ce concerto
n'est, encore aujourd'hui, pas unanime :
les critiques y relèvent une absence
de proportion entre les mouvements, une excessive
uniformité dans l'écriture, ou encore le trop
évident académisme du troisième mouvement. Les
musiciens, au contraire, le tiennent en grande
considération et ils ont fait de cette
ouvre le concerto le plus exécuté et enregistré
de tout le répertoire pour violon.
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